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PARACELSE

choses sont Arcanes, de telle sorte qu’elles guérissent leurs maladies[1] de la manière même par laquelle elles ont été faites et créées.Elles ont été faites sans complexion ; donc elles guérissent sans complexion. Et souvenez-vous tous que ceci est très véritable Ce qui survient avec une nature s’éloigne avec la même nature. Si le feu est éteint par l’eau, ce n’est pas par le froid (de l’eau), mais par l’humidité (de l’eau). De même lorsque le feu chauffe, ce n’est pas à cause de sa nature sèche, mais à cause de sa chaleur. C’est ainsi que ce qui gouverne la maladie demeure perpétuellement semblable, et ce n’est pas à cause des accidents que subit la matière (sed non quod materia peccans sit), comme la couleur, par exemple, qui n’ajoute ni ne retranche rien. Car la maladie subsiste comme un glaive, qui tranche sans égard à la complexion. Il advient que le soufre (du corps) s’embrase et déflagre comme dans le feu Persique (in igne Persico)[2]. Quelle sera alors la médication de celui-ci ? Eteindre, comme on le fait pour le feu. C’est pourquoi, lorsque vous en entreprenez la cure par les choses froides, le camphre () etc., etc., vous devez en attendre un résultat douteux. Car il était fondamental de considérer ici ce qui eût pu éteindre le feu invisible. Car éteindre est le but qu’on se propose ; refroidir, c’est empoisonner (refrigerare venenum est, ), parce que c’est rappeler et provoquer d’autres maladies. Ainsi Dieu ne demande pas que nous accomplissions

  1. C’est-à-dire les maladies auxquelles elles correspondent.
  2. On trouvera au livre de Marcus Græcus, et dans divers passages des Manuscrits de Léonard de Vinci, plusieurs formules des feux usités par les anciens, auxquels Paracelse fait allusion.