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LIBER PARAMIRUM

incarnatives, tu en sais assez. Laisse le reste. Et bien qu’il advienne que les blessures brüûlent, et s’enflamment, et deviennent fébriles, cependant ce ne sont point des maladies. Attaque () la maladie elle-même ; celle-ci n’a besoin d’aucun rafraîchissement ni d’aucun étanchement. Et ceci est ajouté pour démontrer combien ton art est erroné et défectueux, puisque tu n’es point du tout versé dans les choses incarnatives comme c’était de ton devoir. Ce sont elles-mêmes qui se retrouvent pareillement dans l’hydropisie. Car ce sont elles, particulièrement, qui chassent le sel résolu ; et ne considère pas ici ce qui est chaud ou froid ; car ce n’est pas dans ceci qu’a été constituée la médecine. C’est pour une raison tout à fait analogue que la coloquinte purge, ainsi que le turbith[1], sans avoir égard à la complexion. Car ils tirent cette vertu, non de la complexion, mais de la nature masculine. C’est pourquoi toutes les vertus des

  1. Il y a deux sortes de turbith, le turbith végétal et le turbith minéral ; tous les deux sont purgatifs. Le premier est la racine de l’Ipomœæa Turpethum ou Convolvulus Turpethum, de la famille des Convolvulacées, plante qui possède des propriétés à peu près analogues à celles du Jalap. Il est peu probable que cette plante ait été connue au temps de Paracelse ; car elle fut importée des Indes ; et à l’époque de la dernière édition du Lexicon de Castelli (1746), on employait encore cette racine sans savoir à quelle plante exactement elle appartenait. Quand au turbith minéral, c’est un sous-deuto-sulfate de mercure ou sulfate trimercurique, mauvaise préparation mercurielle insoluble, à peine usitée aujourd’hui. Il existait aussi un turbith nitreux, nitrate trimercurique. Michel Toxites, Gérard Dorn et Roch le Baillif, qui se sont copiés les uns les autres, disent que C’est le mercure sans aucun corrosif, précipité et doux. C’est probablement dans ce sens que l’entend Paracelse.