Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/424

Cette page n’a pas encore été corrigée

On a reconnu ces ridicules, et on s’est bien gardé de les corriger en conservant ce qu’il y avoit de bon dans ces goûts-là: on a fait ce que les hommes savent parfaitement bien faire; on s’est jetté d’une extrémité dans une autre.

Voilà comme les goûts, et quelquefois ceux qui sont les plus opposés, ont entr’eux des liaisons qui règlent, pour ainsi dire, l’ordre selon lequel ils se succèdent. Les événemens du dehors, et ce qu’on appelle les hasards, contribuent quelquefois à ces changemens; mais il est même agréable de considérer et comment et de combien ils y contribuent.

Quand un homme ne devroit point mourir, quand son corps ne s’affaibliroit en aucune manière, il vieilliroit cependant à de certains égards; il deviendroit plus timide, plus défiant, moins sensible à l’amitié, et cela par les seuls effets de l’expérience.

Ainsi, quand un Peuple seroit toujours dans le même état, toujours sous la même forme de gouvernement, toujours composé, si on veut, des mêmes hommes, ses goûts, ses opinions, ses mœurs