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quoique ce fût peut-être ce qu’elle auroit de plus utile et de plus agréable. Qu’on lise l’Histoire d’Alexandre et celle de Charlemagne, on ne s’appercevra presque que par les noms, que l’on est dans des siècles et dans des pays fort différens; ce sont des guerres, des conquêtes, des conjurations qui se font à-peu-près de la même façon; mais la différence des mœurs n’est point assez marquée, les Grecs ne sont points assez Grecs, ni les François assez François; et l’on me pourroit mettre les uns en la place des autres, que je ne serois presque point blessé du changement.

Cependant il vaudroit mieux que l’on me fît entrer dans les vrais caractères des Peuples, que de m’apprendre quelles Provinces ils ont usurpées les uns sur les autres. Je vois d’une vue générale les Nations répandues sur la surface de la terre, se la disputant incessamment, et se poussant et repoussant les uns les autres contre les flots; et il me semble que ma curiosité n’en demande pas beaucoup davantage pour être satisfaite. Mais je serois bien-aise de voir, au lieu de ce mouvement qui ne se fait que sur la surface de la terre, celui qui