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se ressemblent si fort, qu’il n’y a point de Peuple dont les sottises ne nous doivent faire trembler.

Nous sommes éclairés des lumières de la vraie Religion, et, à ce que je crois, de quelques rayons de la vraie Philosophie, et par conséquent nos erreurs sont incomparablement moindres que celles des anciens Peuples; cependant elles se sont établies, et elles se conservent tout comme les leurs.

En expliquant la génération des fables, nous avons vu que ce monstrueux amas de chimères n’est pas sorti tel qu’il est de la tête des hommes; il s’est formé par degrés: l’ignorance grossière en a été la base; mais plusieurs autres choses ont entré dans sa composition, et principalement deux qui font merveilleusement fructifier les sottises.

La première en est la ressemblance ou la liaison d’une sottise à une autre. Quelque chose d’extraordinaire aura fait croire à des Peuples ignorans, qu’un Dieu avoit été amoureux d’une femme; aussi-tôt les Histoires ne seront pleines que de Dieux amoureux. Vous croyez bien l’un, pourquoi ne croirez-vous pas l’autre ? Si les Dieux ont des