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croire qu’elles sont toutes deux également utiles, de cette sorte d’utilité que j’entends ? Pourra-t-on croire qu’on puisse tirer quelque chose de bon de cet amas de chimères qui compose l’histoire des Dieux et des Héros du Paganisme ? Ne sembleroit-il pas plutôt que pour l’honneur du genre humain, la mémoire de ces impertinences devroit être abolie à jamais ?

Il le faudroit, sans doute, pour son honneur, mais non pas pour son utilité. Nous sommes des foux qui ne ressemblent pas tout-à-fait à ceux des Petites Maisons. Il n’importe à chacun d’eux de savoir quelle est la folie de son voisin, ou de ceux qui ont habité sa loge avant lui; mais il nous est fort important de le savoir. L’esprit humain est moins capable d’erreur, dès qu’il sait et à quel point et en combien de manières il en est capable, et jamais il ne peut trop étudier l’histoire de ses égaremens.

Ce n’est pas une science de s’être rempli la tête de toutes les extravagances des Phéniciens et des Grecs; mais c’en est une de savoir ce qui a conduit les Phéniciens et les Grecs à ces extravagances. Tous les hommes