Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/415

Cette page n’a pas encore été corrigée

mieux saisi les principes généraux, il est bon que l’histoire accompagne et fortifie la connoissance que nous pourrons avoir de l’homme. Elle nous fera voir, pour ainsi dire, l’homme en détail, après que la morale nous l’aura fait voir en gros; et ce qui sera peut-être échappé à nos réflexions générales, des exemples et des faits particuliers nous le rendront. Je conçois donc que l’histoire n’est bonne à rien, si elle n’est alliée avec la morale. Son utilité n’est pas dans tous ces faits différens qu’elle nous présente, mais dans l’ame de ces faits qu’elle nous laisse le plus souvent à découvrir. Ce n’est point l’histoire des révolutions des Etats, des guerres et des mariages des Princes, qu’il faut étudier; mais sous cette histoire il faut développer celle des erreurs et des passions humaines qui y est cachée, et donner tous ses soins à l’apprendre exactement.

Nous avons parlé de deux sortes d’histoires, de l’histoire fabuleuse des premiers siècles, et de l’histoire vraisemblable et véritable, si on veut, des siècles qui ont suivi. Pourra-t-on bien