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grande merveille: cependant il se passera plusieurs siècles avant que l’on soit en état de le faire; et jusques-là les faits dont on gardera le souvenir, ne seront que des visions et des extravagances. On auroit grand tort après cela d’être surpris que la philosophie et la manière de raisonner aient été pendant un grand nombre de siècles très-grossières et très-imparfaites.

Quand on fut venu à écrire les faits selon la vérité, ou plutôt avec quelque vraisemblance, on les écrivit d’abord assez confusément; mais, ce qui est plus remarquable, très-séchement, et presque sans en exposer les motifs, ni sans raisonner sur le caractère des hommes.

À cette manière d’écrire l’histoire, en succéda une plus parfaite qui entroit dans les motifs et dans les caractères, et c’est elle qui a toujours été en usage dans les siècles polis et savans.

Elle ressemble assez à la manière dont on fait un systême de philosophie. Le Philosophe a devant lui un certain nombre d’effets de la nature et d’expériences; il faut qu’il en devine des causes vraisemblables, et que de ce