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ce qui nous disposeroit à croire que les Américains seroient venus à penser aussi raisonnablement et aussi finement que les Grecs, si on leur en avoit laissé le loisir; mais ces réflexions ne seroient pas assez de mon dessein.

L’ignorance diminua peu-à-peu, et par conséquent on vit moins de prodiges, on fit moins de faux systêmes, les histoires furent moins fabuleuses, car tout cela s’enchaîne. Jusques-là on n’avoit gardé le souvenir des choses passées que par une vaine curiosité: mais on s’apperçut que l’histoire pouvoit être utile, soit pour conserver des choses dont les Nations se faisoient honneur, soit pour décider des différends qui pouvoient naître entre les Peuples, soit pour fournir des exemples de vertu; et je crois que cet usage a été le dernier auquel on ait pensé, quoique ce soit celui dont on fait le plus de bruit. Tout cela demandoit que l’histoire fût vraie, j’entends vraie par opposition aux anciennes fables qui n’étoient pleines que d’absurdités. On commença donc à écrire l’histoire d’une