Page:Œuvres de Monsieur de Fontenelle, Tome IX, 1766.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

être la dupe de tout. Encore aujourd’hui les Arabes remplissent leurs histoires de prodiges et de miracles, le plus souvent ridicules. Je ne crois pas que chez leurs Savans cela soit pris pour autre chose que pour des ornemens, auxquels ils n’ont garde d’être trompés, parce que c’est entr’eux une espèce de convention d’écrire ainsi: mais quand ces sortes d’histoires passent chez d’autres Peuples qui ont le goût de vouloir que l’on écrive les faits dans leur exacte vérité, ou ces merveilles sont crues au pied de la lettre, ou du moins on se persuade qu’elles ont été crues par ceux qui les ont écrites. Certainement le mal-entendu est considérable.

Telles étoient toutes les histoires qui se débitoient chez les anciens Peuples, lorsque l’art d’écrire fut inventé. Alors on écrivit ce qui se trouva dans la mémoire des hommes, et l’on y gagna que l’incertitude de la tradition fut un peu fixée. Mais que put-on ramasser ? des contes absurdes, quoique souvent agréables, bâtis d’abord sur quelque fondement de vrai, mais où ce vrai ne pouvoit presque plus paroître au travers de tout ce qui l’enveloppoit.