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fort bien que les Historiens les ont devinés comme ils ont pu, et qu’il est presque impossible qu’ils aient deviné juste. Cependant nous ne trouvons point mauvais que les Historiens aient donné cet embellissement à leurs histoires; et malgré ce mêlange de faux que nous y connoissons, nous ne les traitons pas de fables.

De même, après que le goût du faux, et principalement du merveilleux, eut été établi chez les premiers Peuples, par les voies que nous avons dites, on ne débita plus d’histoires sans les orner de ce faux et de ce merveilleux, qui étoit alors reconnu pour un ornement qu’on avoit affecté.

Ce n’est pas que cela passât pour être impossible; les motifs de politique que Tacite a imaginés, ne passent pas non-plus pour l’être: mais comme on sait qu’ils peuvent n’être pas vrais, et qu’apparemment ils ne le sont pas, on savoit aussi que ces merveilles des anciennes histoires n’étoient pas nécessairement vraies pour avoir été publiées et reçues sans contradiction. Quand je dis qu’on le savoit, je parle de gens un peu éclairés; car pour le Peuple il est destiné à