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Il faut prendre garde que ces idées que nous appellons les systêmes de ces temps-là, étoient toujours copiées d’après les choses les plus connues. On avoit vu souvent verser de l’eau de dedans une cruche: on s’imaginoit donc fort bien comment un Dieu versoit celle d’une rivière; et par la facilité même qu’on avoit à l’imaginer, on étoit tout-à-fait porté à le croire. Ainsi, pour rendre raison du tonnerre, on se représentoit volontiers un Dieu de figure humaine lançant sur nous des flèches de feu; idées qui sont manifestement prises sur des objets très-familiers, et dont l’imagination s’accommode si bien, qu’encore à l’heure qu’il est, la poësie et la peinture ne s’en peuvent passer.

Si je voulois rapporter un plus grand nombre d’exemples, je ferois voir en détail que l’origine de tous ces systêmes d’imagination a toujours été la même: mais cette application est très-aisée à faire, et elle me détourneroit inutilement de mon but.

Cependant je ne puis m’empêcher de remarquer en passant que la philosophie de ce temps-là et celle de celui-ci roulent