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Tout le monde convient de l’utilité de l’histoire; mais, ce qui est assez surprenant, elle n’est guères utile de la manière dont presque tout le monde entend qu’elle l’est, et elle peut l’être assez d’une certaine autre manière que bien peu de gens connoissent. Comme ce que je pense là-dessus est d’une discussion un peu difficile, je demande la permission de prendre la chose d’assez loin, et de faire l’histoire de l’histoire même.

Naturellement les pères content à leurs enfans ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont vus; et sans doute cela s’est pratiqué dans les premiers siècles du monde. Ces récits doivent porter le caractère de ce temps-là. Comme l’ignorance y étoit parfaite, la plupart des choses étoient des prodiges. Ainsi un père ne manquoit pas d’en remplir les contes qu’il faisoit à ses enfans.

Quand on dit quelque chose de surprenant, l’imagination s’échauffe sur son