Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/405

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ce ne ſeroit qu’une répétition de ce que vous en avez dit, & il ſeroit difficile de rien ajouter au tour ingénieux que vous avez pris pour louer votre Prédéceſſeur. Votre génie a paru juſqu’ici tourner du côté de la Poëſie ; mais vous avez généreuſement ſacrifié votre goût particulier à celui que M. l’Abbé Gédoyn avoit pour l’Hiſtoire, en nous donnant vous-même celle du progrès des Lettres en France, & qui amenoit ſi naturellement l’éloge de notre Fondateur ; éloge tant de fois entrepris, & avec ſi peu de ſuccès, que l’on pourroit nous regarder moins comme ſes Panégyriſtes, que comme un monument tacite de ſa gloire.

Mais c’eſt le ſort de ces mortels fameux que la vertu élève au-deſſus des autres hommes, de ne pouvoir être loués que par leur réputation. En vain les murs de ce Palais retentiſſent du nom de Louis LE GRAND : après beaucoup de louanges, & multipliées preſque à l’infini, qui de nous pourra ſe flatter de lui en avoir donné qui fuſſent dignes de lui ? & que n’aurons-nous point à craindre, ſi nous oſons célébrer les vertus de ſon Succeſſeur ; de ce Roi l’objet de notre admiration, mais trop ſouvent le douloureux objet de nos larmes ; de ce Père aimable qui fait voir chaque jour avec tant d’éclat, & à la gloire de notre Nation, que l’amour prodigieux des François pour leur Souverain, n’eſt pas un amour de caprice ? Avec quelles couleurs enfin peindre un Héros que l’on vient de voir, jeune encore, & à peiné échappé au danger qui menaçait ſa vie, que