Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

Malheureux ! Que dis-tu ? Quand la mort t’environne,
Ton cœur reſpire encor le fiel qui l’empoiſonne,
Et gémit de laiſſer des crimes imparfaits !

C A T I L I N A.

Qu’entends-je ? On m’oſe ici reprocher des forfaits !
Cœur faible, qui, rampant ſous de lâches maximes,
Croyez l’ambition une ſource de crimes,
Vaine erreur qu’un grand cœur ſut toujours dédaigner,
Apprenez que le mien était fait pour régner.
Rome eſclave, ſans frein, avait beſoin d’un maître :
J’ai voulu lui donner le ſeul digne de l’être ;
C’eſt moi. Si vous oſez condamner ce projet,
Vous ne méritez pas d’en devenir l’objet.
N’auriez-vous pas voulu, pour gouverner l’empire,
Que j’euſſe de Caton conſulté le délire ;
Ou que, faiſant un choix plus conforme à vos vœux,
J’euſſe, pour avilir tant d’hommes généreux,
Donné ma voix au dieu que le ſénat révère,
Lui dont la ſeule gloire eſt d’être votre père ?

T U L L I E.

Songez qu’il eſt du moins l’arbitre de vos jours.

C A T I L I N A.

Voilà celui qui doit décider de leur cours.