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J’entends avec fureur nommer Catilina ;
On dit qu’il ſe retranche au palais de Sylla,
Tandis qu’en d’autres lieux il aurait dû paraître.
Eſt-ce là, s’il m’aimait, que l’ingrat devrait être ?
Peut-il m’abandonner en cette extrémité ?
Quel uſage fait-il de ſa fidélité ?
Aucun de ſes amis n’accourt pour ma défenſe ;
Et tous, juſqu’à Probus, évitent ma préſence.
D’un funeſte décret n’aurais-je armé ſa main
Que pour voir immoler juſqu’au dernier romain ?
Cruel Catilina, ſoit perfide ou fidèle,
Que tu coûtes de pleurs à ma douleur mortelle !
Que dis-je ? Et Manlius qu’il a ſacrifié
Ne l’a-t-il pas déjà plus que juſtifié ?
Ne l’aimerai-je donc que pour lui faire outrage ?
Dieux, éloignez de moi cet horrible nuage.
On vient : c’eſt lui. Je ſens redoubler mon effroi.


SCÈNE VI.
Catilina, ſans épée, un poignard à la main ; Tullie.
T U L L I E.

Seigneur, en quel état vous offrez-vous à moi ?
Quoi ! Tout couvert de ſang ! Quel déſordre effroyable !