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C I C É R O N.

Caton, écoutez moins cette rare candeur.
Eh ! Qui de tant de maux pourrait être l’auteur ?
Qui, hors Catilina, peut vouloir nous détruire ?
À de fauſſes lueurs vous laiſſez-vous ſéduire ?
Que Manlius ſoit mort, qu’il l’ait ſacrifié,
C’eſt prouver ſeulement qu’il s’en eſt défié :
Je ne vois dans ce coup que le meurtre d’un traître,
Qu’un autre a prévenu dans la crainte de l’être.
Plût aux dieux que, moins lent à punir ſes forfaits,
Du chef des conjurés Céſon nous eût défaits !
Si de quelque ſuccès ſon audace eſt ſuivie,
Ses cruautés n’auront de bornes que ſa vie.
Des infâmes complots formés par Céthégus
Ne voudriez-vous pas excepter Lentulus ?
Bientôt juſque ſur vous leur fureur va s’étendre.
Mais c’eſt trop s’arrêter.

C A T O N.

Mais c’eſt trop s’arrêter.Conſul, daignez attendre :
Je ne ſouffrirai point qu’abandonnant ces lieux
Vous oſiez expoſer des jours ſi précieux ;
C’eſt votre ami, c’eſt moi qui vous en ſollicite :
De chevaliers romains une troupe d’élite
Par mon ordre bientôt va ſe rejoindre à nous ;
Permettez qu’avec eux je combatte pour vous.