Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne crains que Rufus, préfet de ſix cohortes
Pleines de vétérans qui défendent les portes :
Rufus n’a de ſoutien ni d’ami que Caton,
Et je n’ai convaincu ni lui ni Cicéron.
Si Rufus, dont je crains le courage et l’adreſſe,
Pénètre les complots où Céſon s’intéreſſe,
Rufus tentera tout, la force ou les bienfaits,
Pour regagner Céſon, ou rompre ſes projets :
C’eſt l’unique moyen de tromper notre attente :
Mais ce péril nouveau n’a rien qui m’épouvante.
Les dangers que pour moi j’ai laiſſés entrevoir,
Malgré tant d’ennemis, me flattent de l’eſpoir
Qu’en des pièges nouveaux je pourrai les ſurprendre.
Soit pour s’en emparer, ou ſoit pour le défendre,
Autour de mon palais ils vont tous accourir ;
Que ce ſoit pour ma perte ou pour me ſecourir,
Nos premiers ſénateurs viendront le reconnaître ;
Cicéron et Caton s’y trouveront peut-être.
Que ce moment me tarde, et qu’il me ſerait doux
De pouvoir d’un ſeul coup les ſacrifier tous !
Adieu, cher Céthégus : je vais revoir Tullie.

C É T H É G U S.

C’eſt elle qui nous perd.

C A T I L I N A.

C’eſt elle qui nous perd.Crois-tu que je l’oublie ?