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Celle d’oſer paraître en armes dans ces lieux !

C A T I L I N A.

Que mes armes, conſul, ne bleſſent point vos yeux ;
Mais ſur ce nouveau crime avant que de répondre,
Souffrez ſur d’autres points que j’oſe vous confondre :
Auriez-vous oublié que je vous l’ai promis ?
Quoiqu’à votre pouvoir vous ayez tout ſoumis,
J’eſpère cependant qu’on daignera m’entendre,
Et c’eſt en citoyen que je vais me défendre ;
J’abdique pour jamais le rang de ſénateur.
Pardonnez, Cépion, Craſſus, et vous, préteur ;
Antoine, à votre tour, ſouffrez que je vous nomme
Parmi les ennemis du ſénat et de Rome :
Céſar ne paraît point, mais je vois Céthégus :
Il ne nous manque plus ici qu’un Spartacus ;
Car entre nous et lui, grâce à ſon imprudence,
Le vertueux Caton met peu de différence.
Eh bien ! Pères conſcripts, êtes-vous raſſurés ?
Vous voyez d’un coup d’œil l’état des conjurés,
Leurs chefs et leurs ſoldats, cette nombreuſe armée
Dont Rome en ce moment eſt ſi fort alarmée ;
Ces périls enfantés par les folles erreurs
D’un témoin dont Tullie adopte les fureurs :
C’eſt ſur ce ſeul témoin qu’une beauté ſi chère
Me croit dans le deſſein d’aſſassiner ſon père,