Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous prétendez en vain qu’aucun nœud nous uniſſe.
Notre unique vertu n’eſt pas notre valeur,
Nous aimons la juſtice autant que la candeur.
Quoique enfant de la guerre, alaité ſous les tentes,
Le gaulois n’eut jamais que des mœurs innocentes.
Si vous nous ſurpassez par votre urbanité,
Nous l’emportons ſur vous par notre intégrité.
C’eſt à tous nos deſſeins l’honneur ſeul qui préſide,
Et de nos intérêts l’équité qui décide ;
Nos Dieux, nos Souverains, l’autorité des loix ;
La gloire, le devoir, notre épée, et nos droits ;
Auſſi prompts que vaillants, francs, et pleins de nobleſſe,
Obéiſſants par choix, et ſoumis ſans baſſesse.
Mais Rome cherche moins, dans ſes vaſtes projets,
À faire des amis, qu’à faire des ſujets.
Comme nous ne voulons que le ſimple héritage
Dont les temps et le Sort firent notre partage,
Voyez, ſi du ſénat réprimant la fureur,
Vous pouvez des Gaulois être le protecteur.
Peut-être en ce diſcours, ou trop fier, ou trop libre,
Ai-je peu ménagé la majeſté du Tibre :
Mais, dès que de mes ſoins notre ſort dépendra,
Je parlerais aux Dieux comme à Catilina.

C A T I L I N A.

Je ne condamne point un diſcours magnanime,