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C a t i l i n a.

Catilina pourroit ne pas être coupable ;
Mais qu’il eſt dangereux, & qu’il eſt redoutable !
Quel ennemi le Sort nous a-t-il ſuſcité !
Que de courage enſemble, & de ſubtilité !
Son génie éclairé voit, pénètre, ou devine.
Rome n’eſt plus, les Dieux ont juré ſa ruine.
Eſſayons cependant de calmer la fureur
Du perfide ennemi qui fait tout mon malheur :
S’il paroît au Sénat, & qu’il s’y juſtifie,
Son triomphe bien-tôt me coûteroit la vie.
Malgré tous ſes détours, j’entrevois ce qu’il veut ;
Mais nous ſerions perdus, s’il oſoit ce qu’il peut.
Employons ſur ſon cœur le pouvoir de Tullie,
Puiſqu’il faut que le mien juſque-là s’humilie.
Quel abyme pour toi, malheureux Cicéron !
Allons revoir ma fille, & conſulter Caton ;
C’eſt-là que je pourrai, dans le cœur d’un ſeul homme,
Retrouver à la fois, nos Dieux, nos loix, & Rome.


Fin du ſecond Acte.