Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
C a t i l i n a.


S C È N E   I I I.
C I C É R O N,   C A T I L I N A,   L E S   L I C T E U R S.
C I C É R O N fait ſigne aux Licteurs de s’éloigner.

C’eſt vous, Catilina, que je cherche en ces lieux,
Non comme un ſénateur jaloux & furieux,
Mais comme un ennemi qui ſait régler ſa haine
Sur ce qu’en peut permettre une vertu Romaine.
Enfin, depuis le jour que le ſort des Romains,
Par le choix des Tribuns, fut remis en mes mains,
Vous ne m’avez point vû, ſoigneux de vous déplaire,
Braver l’inimitié d’un ſi noble adverſaire.
Je remportoi ſur vous l’honneur du Conſulat,
Sans acheter les voix du peuple & du Sénat ;
Et vous ſavez aſſez que cette préférence
Qui flattait vos déſirs, paſſoit mon eſpérance :
Mais le Sénat toûjours en butte à vos mépris,
Réunit en moi ſeul les vœux & les eſprits.
Encor, ſi quelquefois vous daigniez vous contraindre,
Que, fait pour être aimé, vous vous fiſſiez moins craindre,
Que mettant à profit tant de dons précieux,
Vous affectaſſiez moins un orgueil odieux :