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SCÈNE I.
Idamante, Polyclète.
I D A M A N T E.

Qu’ai-je entendu ? Grands Dieux ! Quel horrible myſtère
M’avait longtemps voilé l’amitié de mon père !
À la fin ſans nuage il éclate à mes yeux
Ce ſacrilège vœu, ce myſtère odieux.
Vous, peuples, qui craignez d’immoler la victime
Dont le ſang doit fléchir le ciel qui vous opprime,
Peuples, ceſſer de plaindre un choix ſi glorieux :
Il eſt beau de mourir pour apaiſer les dieux.
À Polyclète.
Sèche ces pleurs honteux où ta douleur te livre :
Que ſervent tes regrets ? Que te ſert de me ſuivre ?
Diſſipe tes ſoupçons, ne crains rien, laiſſe-moi ;
Je te l’ordonne enfin, va retrouver le roi.
Hélas ! Quoique ſa main, par mes ſoins déſarmée,
Ne laiſſe aucune crainte à mon âme alarmée ;
Quoique partout ſa garde accompagne ſes pas ;
Cependant, s’il ſe peut, ne l’abandonne pas.