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Idamante, approchez : votre roi vous fait grâce.
Venez, mon fils, venez, qu’un père vous embraſſe.
Ne craignez plus mes feux : par un juſte retour,
Je vous rends tout ce cœur que partageait l’amour.
Oui, de ce même cœur qui s’en laiſſa ſurprendre,
Ce qu’il vous en ravit, je vous le rends plus tendre.
Oublions mes tranſports ; mon fils, embraſſez-moi.

I D A M A N T E.

Par quel heureux deſtin retrouvé-je mon roi ?
Quel Dieu, dans votre ſein étouffant la colère,
Me rouvre encor les bras d’un ſi généreux père ?
Que cet embraſſement pour un fils a d’appas !
Je le déſirais trop pour ne l’obtenir pas.
Idamante, accablé des rigueurs d’Érixène,
N’en a point fait, ſeigneur, ſa plus cruelle peine :
Hélas ! Quel bruit affreux a paſſé juſqu’à moi !
Vous m’en voyez tremblant & d’horreur & d’effroi.