En vain j’adreſſe au ciel une plainte importune ;
J’ai trouvé tous les dieux du parti de Neptune.
Qu’eſpérez-vous des dieux en leur manquant de foi ?
Que du moins leur courroux n’accablera que moi ;
Que le ciel, fatigué d’une injuſte vengeance,
Plus équitable enfin, punira qui l’offenſe ;
Que je ne verrai point la colère des dieux
S’immoler par mes mains un ſang ſi précieux.
Seigneur, à ce deſſein vous mettez un obſtacle :
Pourquoi par Égéſippe interroger l’oracle ?
Vos peuples, informés du ſort de votre fils,
Voudront de leur ſalut que ſon ſang ſoit le prix.
Que le ciel, que la Crète à l’envi le demandent,
N’attends point que mes mains à leur gré le répandent.
J’interroge les dieux ! Ce n’eſt pas ſans frayeur :
L’oracle eſt trop écrit dans le fond de mon cœur.
J’interroge les dieux ! Que veux-tu que je faſſe ?
Pouvais-je à mes ſujets refuſer cette grâce ?
Un peuple infortuné m’en preſſe par ſes cris :
J’ai réſiſté longtemps, à la fin j’y ſouſcris.