Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais les ſoupçons d’Égiſthe, & des avis ſecrets,
Ont hâté ce grand jour ſi cher a nos ſouhaits.
1525Oreſte règne enfin : ce héros invincible
Semble armé de la foudre en ce moment terrible.
Tout fuit à ſon aſpect, ou tombe ſous ſes coups :
De longs ruiſſeaux de ſang ſignalent ſon courroux.
J’ai vu prêt à périr le fier Itys lui-même
1530Déſarmé par Oreſte en ce déſordre extrême.
Ce prince au déſespoir, cherchant le ſeul trépas.
Portant partout la mort & ne la trouvant pas,
À ſon père peut-être eût ouvert un paſſage ;
Mais ſa main déſarmée a trompé ſon courage.
1535Ainſi, de ſes exploits interrompant le cours,
Le ſort, malgré lui-même, a pris ſoin de ſes jours.
Oreſte, qu’irritait une fureur ſi vaine,
À ſa valeur bientôt fait tout céder ſans peine.
J’ai cru de ce ſuccès devoir vous avertir.
1540De ces lieux cependant gardez-vous de ſortir,
Madame : la retraite eſt pour vous aſſurée ;
Des amis affidés en défendent l’entrée.
Votre ennemi d’ailleurs, au gré de vos déſirs,
Aux pieds de ſon vainqueur rend les derniers ſoupirs.

I P H I A N A S S E.

1545Ô mon père ! À ta mort je ne veux point ſurvivre :
Je ne puis la venger, je vais du moins te ſuivre.