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1435Son cœur, dont rien ne peut abaiſſer la fierté,
Même au milieu des fers agit en liberté.
Quelque appui que le ſort m’enlève dans mon frère,
Je crains plus tes vertus que les fers ni ton père.
Ne crois pas qu’un tyran pour toi puiſſe en ce jour
1440Ce que ne pourrait pas ou l’eſtime, ou l’amour.
Non, quel que ſoit le ſang qui coule dans tes veines,
Je ne t’impute rien de l’horreur de mes peines ;
Je ne puis voir en toi qu’un prince généreux
Que, de tout mon pouvoir, je voudrais rendre heureux.
1445Non, je ne te hais point : je ſerais inhumaine
Si je pouvais payer tant d’amour de ma haine.

I T Y S.

Je ne ſuis point haï ! Comblez donc tous les vœux
Du cœur le plus fidèle & le plus amoureux.
Vous n’avez plus de haine ! Eh bien ! Qui vous arrête ?
1450Les autels ſont parés, & la victime eſt prête :
Venez, ſans différer, par des nœuds éternels,
Vous unir à mon ſort aux pieds des immortels.
Égiſthe doit bientôt y conduire la reine ;
Souffrez que ſur leurs pas mon amour vous entraîne ;
1455On n’attend plus que vous.

É L E C T R E à part.

On n’attend plus que vous.On n’attend plus que moi !
Dieux cruels ! Que ce mot redouble mon effroi !

Haut.

Quoi ! Tout eſt prêt, Seigneur ?