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Ce ne ſont point non plus les pleurs d’une adultère
Qui ne veut qu’inſulter aux mânes de mon père :
1135Ce n’eſt que pour braver ſon époux & les dieux
Qu’elle élève à ſa cendre un tombeau dans ces lieux.
Non, elle n’a dreſſé ce monument ſi triſte,
Que pour mieux ſignaler ſon amour pour Égiſthe,
Pour lui rendre plus chers ſon crime & ſes fureurs,
1140Et pour mettre le comble à mes vives douleurs.
Qu’ils tremblent cependant, ces meurtriers impies
Qu’il ſemble que déjà pourſuivent les Furies.
J’ai vu le fer vengeur, Égiſthe va périr ;
Mon frère ne revient que pour me ſecourir…
1145Flatteuſe illuſion à qui l’effroi ſuccède !
Puis-je encor ſoupçonner le fils de Palamède ?
Un témoin ſi ſacré peut-il m’être ſuspect ?
On vient : c’eſt lui. Mon cœur s’émeut à ſon aſpect.
Mon frère… Quel tranſport s’empare de mon âme !


S C È N E   II.
Oreſte, Électre.
É L E C T R E à part

1150Mais, hélas ! Il eſt ſeul.

O R E S T E.

Mais, hélas ! Il eſt ſeul.Je vous cherche, Madame.
Tout ſemble déſormais ſervir votre courroux ;