Pourquoi ſous vos efforts n’a-t-il pas ſuccombé ?
Parlez, mon fils ; qui peut vous l’avoir dérobé ?
Votre haute valeur, déſormais ralentie,
Pour lui ſeul aujourd’hui s’eſt-elle démentie ?
Vous rougiſſez, Tydée ! Ah ! Quel eſt mon effroi !
Je vous l’ordonne enfin, parlez, répondez-moi :
D’un déſordre ſi grand que faut-il que je penſe ?
Ne pénétrez-vous point un ſi triſte ſilence ?
Qu’entends-je ? Quel ſoupçon vient s’offrir in mon cœur !
Quoi ! Mon fils… Dieux puiſſants, laiſſez-moi mon erreur.
Ah ! Tydée, eſt-ce vous qui prenez la défenſe
De l’indigne ennemi que pourſuit ma vengeance ?
Puis-je croire qu’un fils ait prolongé les jours
Du cruel qui des miens cherche a trancher le cours ?
Fallait-il vous revoir, pour vous voir ſi coupable ?
N’irritez point, Seigneur, la douleur qui m’accable
Votre vertu, toujours conſtante en ſes projets,
Ne fait que redoubler l’horreur de mes forfaits.
Il ſuffit qu’à vos yeux la honte m’en puniſſe ;
Ne m’en ſouhaitez pas un plus cruel ſupplice.
D’un malheureux amour ayez pitié, Seigneur :
Le ciel, qui m’en punit avec tant de rigueur,