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Je n’ai point prétendu, Seigneur, que votre bras
Le fît couler ailleurs qu’au milieu des combats.
665Oreſte voit partout voler ſa renommée ;
La Grèce en eſt remplie, & l’Aſie alarmée ;
Ses exploits ſeuls devraient vous en rendre jaloux ;
C’eſt le ſeul ennemi qui ſoit digne de vous.
Courez donc l’immoler ; c’eſt la ſeule victoire,
670Parmi tant de lauriers, qui manque à votre gloire.
Dites un mot, Seigneur ; ſoldats & matelots
Seront prêts avec vous a traverſer les flots.
Si ma fille eſt un bien qui vous paraiſſe digne
De porter votre cœur à cet effort inſigne,
675Pour vous aſſocier à ce rang glorieux
Je ne conſulte point quels furent vos aïeux.
Lorſqu’on a les vertus que vous faites paraître,
On eſt du ſang des dieux, ou digne au moins d’en être.
Quoi qu’il en ſoit, ſeigneur, pour ſervir mon courroux
680Je ne veux qu’un héros, & je le trouve en vous.
Me ſerais je flatté d’une vaine eſpérance,
Quand j’ai fondé ſur vous l’eſpoir de ma vengeance ?
Vous ne répondez point ! Ah ! Qu’eſt-ce que je vois ?

T Y D É E.

La juſte horreur du coup qu’on exige de moi.
685Mais il faut aujourd’hui, par plus de confiance,
Payer de votre cœur l’affreuſe confidence.
Votre fille, Seigneur, eſt d’un prix à mes yeux