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É G I S T H E.

Ciel ! Où tend ce diſcours ?Oui, Seigneur, c’eſt en vain
Qu’avec la paix un roi me demande ſa main :
645Quelque éclataut que ſoit un pareil hyménée,
Au ſort d’un autre époux ma fille eſt deſtinée ;
Sûr de vaincre avec vous, je crains peu déſormais
Tout le péril que ſuit le refus de la paix.
Il ne tient plus qu’à vous d’affermir ma puiſſance.
650J’ai beſoin d’une main qui ſerve ma vengeance,
Et qui faſſe tomber dans l’éternelle nuit
L’ennemi déclaré que ma haine pourſuit,
Qui me pourſuit moi-même, & que mon cœur déteſte.
Point d’hymen, quel qu’il ſoit, ſans la tête d’Oreſte :
655Ma fille eſt à ce prix ; & cet effort ſi grand,
Ce n’eſt que de vous ſeul que ma haine l’attend.

T Y D É E.

De moi, ſeigneur ? De moi ? Juſte ciel !

É G I S T H E.

De moi, ſeigneur ? De moi ? Juſte ciel !De vous-même.
Calmez de ce tranſport la violence extrême.
Quelle horreur vous inſpire un ſi juſte deſſein ?
660Je demande un vengeur, & non un aſſassin.
Lorſque, pour détourner ma mort qu’il a jurée,
J’exige tout le ſang du petit-fils d’Atrée,