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585Qui, trop plein d’un amour qu’Iphianaſſe inſpiré,
En dit-moins qu’il ne ſent, mais plus qu’il n’en doit dire.

I P H I A N A S S E.

J’ignore quel deſſein vous a fait révéler
Un amour que l’eſpoir ſemble avoir fait parler.
Mais, ſeigneur, je ne puis recevoir ſans colère
590Ce téméraire aveu que vous oſez me faire.
Songez qu’on n’oſe ici ſe déclarer pour moi,
Sans la tête d’Oreſte, ou le titre de roi ;
Qu’un amant comme vous, quelque feu qui l’inſpire,
Doit ſoupirer du moins ſans oſer me le dire.



S C È N E   III.
Tydée, Anténor.
T Y D É E.

595Qu’aj-je dit ? Où laiſſé-je égarer mes eſprits ?
Moi parler, pour me voir accabler de mépris !
Les ai-je mérites, cruelle Iphianaſſe ?
Mais quel était l’eſpoir de ma coupable audace ?
Que venois-je chercher dans ce cruel ſéjour ?
600Moi, dans la cour d’Argos entraîné par l’amour !
Rappelons ma fureur. Oreſte, Palamède…
Ah ! Contre tant d’amour inutile remède !