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T Y D É E.

565Quoi ! La tête d’Oreſte ! Ah ! La paix eſt conclue,
Madame, & de ces lieux ma fuite eſt réſolue :
Vous n’avez plus beſoin du ſecours de mon bras.
Ah ! Quel indigne prix met-on à vos appas !
Juſte ciel ! Se peut-il qu’une loi ſi cruelle
570Faſſe de vous le prix d’une main criminelle ?
Ainſi, dans ſa fureur, le plus vil aſſassin.
Pourra donc à ſon gré prétendre a votre main,
Lorſqu’avec tout l’amour qu’un doux eſpoir anime
Un héros ne pourrait l’obtenir ſans un crime ?
575Ah ! Si, pour ſe flatter de plaire à vos beaux yeux,
II ſuffisait d’un bras toujours victorieux,
Peut-être à ce bonheur aurais-je pu prétendre.
Avec quelque valeur, & le cœur le plus tendre,
Quels efforts, quels travaux, quels illuſtres projets
580N’eût point tentés ce cœur charmé de vos attraits ?

I P H I A N A S S E.

Seigneur !

T Y D É E.

Seigneur !Je le vois bien, ce diſcours vous offenſe.
Je n’ai pu vous revoir & garder le ſilence ;
Mais je vais m’en punir par un exil affreux,
Et cacher loin de vous un amant malheureux,