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Et le vainqueur preſſé, pâliſſant a ſon tour,
480Vers ſon camp à grands pas médite ſon retour.
Que ne peut la valeur où le cœur intéreſſe !
J’en fis trop, Anténor ; je revis la princeſſe.
C’eſt t’en apprendre aſſez ; le reſte t’eſt connu.
D’un péril ſi preſſant Égiſthe revenu
485Me comble de bienfaits, me charge de pourſuivre
Deux rois épouvantés, dont mon bras le délivre.
Je porte la terreur chez des peuples heureux,
Et la paix va ſe faire aux dépens de mes vœux.

A N T É N O R.

Ah ! ſeigneur, fallait-il, à l’amour trop ſensible,
490Armer pour un tyran votre bras invincible ?
Et que prétendez-vous d’un ſuccès ſi honteux ?

T Y D É E.

Anténor, que veux-tu ? Prends pitié de mes feux,
Plains mon ſort : non, jamais on ne fut plus à plaindre.
Il eſt enror pour moi des maux bien plus à craindre.
495Mais apprends des malheurs qui te feront frémir,
Des malheurs dont Tydée à jamais doit gémir.
Entraîné, malgré moi, dans ce palais funeſte
Par un déſir ſecret de voir la sœur d’Oreſte,
Hier, avant la nuit, j’arrive dans ces lieux.
500La ſuperbe Mycène offre un temple à mes yeux :