Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, comme un tourbillon embraſſant nos vaiſſeaux,
Semble en ſource de feu bouillonner ſur les eaux.
Les vagues, quelquefois nous portant ſur leurs cimes,
Nous fout rouler après ſous de vaſtes abîmes,
435Où les éclairs preſſés pénétrant avec nous
Dans des gouffres de feux ſemblaient nous plonger tous
Le pilote effrayé, que la flamme environne,
Aux rochers qu’il fuyait lui-même s’abandonne.
À travers les écueils notre vaiſſeau pouſſé
440Se briſe, & nage enfin ſur les eaux diſpersé.
Dieux ! Que ne fis-je point, dans ce moment funeſte,
Pour ſauver Palamède & pour ſauver Oreſte ?.
Vains efforts ! La lueur qui partoit des éclairs
Ne m’offrit que des flots de nos débris couverts ;
445Tout périt.

A N T É N O R.

Tout périt.Eh ! comment, dans ce deſordre extrême,
Pûtes-vous au péril vous derober vous-même ?

T Y D É E.

Tout offrait à mes yeux l’inévitable mort :
Mais j’y courais en vain ; la rigueur de mon ſort
A de plus grands malheurs me réſervoit encore,
450Et me jeta mourant vers les murs d’Épidaure.
Itys me ſecourut ; & de mes triſtes jours,
Malgré mon déſespoir, il prolongea le cours.