Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/206

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C’eſt en vain qu’en eſclave il traite une princeſſe,
Juſqu’à le redouter que le traître m’abaiſſe :
135Qu’il faſſe que ces fers, dont il s’eſt tant promis,
Soient moins honteux pour moi que l’hymen de ſon fils.
Ceſſe de te flatter d’une eſpérance vaine :
Ta vertu ne te ſert qu’à redoubler ma haine.
Êgiſthe ne prétend te faire mon époux,
140Que pour mettre ſa tête a couvert de mes coups ;
Mais ſais-tu que l’hymen dont la pompe s’apprête
Ne ſe peut achever qu’aux dépens de ſa tête ?
À ces conditions je ſouscris à tes vœux ;
Ma main ſera le prix d’un coup ſi généreux.
145Électre n’attend point cet effort de la tienne ;
Je connais ta vertu : rends juſtice à la mienne.
Crois-moi, loin d’écouter ta tendreſſe pour moi,
De Clytemneſtre ici crains l’exemple pour toi.
Romps toi-même un hymen où l’on veut me contraindre ;
150Les femmes de mon ſang ne ſont que trop à craindre.
Malheureux ! De tes vœux quel peut être l’eſpoir ?
Hélas ! Quand je pourrais, rebelle à mon devoir,
Brûler un jour pour toi de feux illégitimes,
Ma vertu t’en feroit bientôt les plus grands crimes.
155Je te haïrai moins, fils d’un prince odieux :
Ne ſois point, s’il ſe peut, plus coupable à mes yeux ;
Ne me peins plus l’ardeur dont ton âme eſt épriſe.
Que peux-tu ſouhaiter ? Itys, qu’il te ſuffise