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Qui, chaſſant les deux rois de Corinthe & d’Athènes,
De morts & de mourants vient de couvrir nos plaines,
75Hier, avant la nuit, parut dans ce palais ;
Cet étranger qu’Égiſthe a comblé de bienfaits,
À qui le tyran doit le ſalut de ſa fille,
De lui, d’Itys, enfin de toute ſa famille,
Eſt un rempart ſi sûr pour vos perſécuteurs,
80Que de tous nos amis il a glacé les cœurs.
Au ſeul nom du tyran que votre âme déteſte
On frémit ; cependant on veut revoir Oreſte.
Mais le jour qui paraît me chaſſe de ces lieux :
Je crois voir même Itys. Madame, au nom de ces dieux,
85Loin de faire éclater le trouble de votre âme,
Flattez plutôt d’Itys l’audacieuſe flamme ;
Faites que votre hymen ſe diffère d’un jour :
Peut-être verrons-nous Oreſte de retour.

É L E C T R E.

Ceſſe de me flatter d’une eſpérance vaine.
90Allez, lâches amis qui trahiſſez ma haine ;
Electre ſaura bien, ſans Oreſte & ſans vous,
Ce jour même, à vos yeux, ſignaler ſon courroux.