Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/184

Cette page n’a pas encore été corrigée

C’eſt en vain de ſa main que je reçois un père ;
Tout ce qui vient de lui cache quelque myſtère.
J’en ai trop éprouvé de ſon perfide cœur,
Pour oſer, ſur ſa foi, dépoſer ma frayeur.
Je ne ſais quel ſoupçon irrite mes alarmes ;
Mais du fond de mon cœur je ſens couler mes larmes.
Theſſandre ne vient point : tant de retardements
Ne confirment que trop mes noirs preſſentiments.


S C È N E   II.
Pliſthène, Theſſandre.
P L I S T H È N E.

Mais je le vois. Eh bien ! En eſt-ce fait, Theſſandre ?
Sur les bords de l’Euripe eſt-il temps de nous rendre ?
Pour cet heureux moment as-tu tout préparé ?
De nos amis ſecrets t’es-tu bien aſſuré ?

T H E S S A N D R E.

Il ne tient plus qu’à vous d’éprouver leur courage ;
Je les ai diſpersés, ici, ſur le rivage ;
Tout eſt prêt. Cependant, ſi Pliſthène aujourd’hui
Veut en croire des cœurs pleins de zèle pour lui,
Il ne partira point : ce deſſein téméraire
Pourrait cauſer ſa perte & celle de ſon père.