Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/179

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Si c’eſt un crime à toi de ne le point ſervir,
Quelle eût été l’horreur d’avoir pu l’aſſouvir !
Enfin, c’eût été peu que d’immoler mon frère,
Le malheureux auroit aſſassiné ſon père.

T H Y E S T E.

Moi, ſon père !

A T R É E.

Moi, ſon père !Ces mots vont t’en inſtruire. Lis.
Il lui donne la lettre d’Aerope.

T H Y E S T E.

Dieux ! Qu’eſt-ce que je vois ? C’eſt d’Aerope. Ah ! Mon fils !
La nature en mon cœur éclaircit ce myſtère.
Thyeſte t’aimait trop pour n’être point ton père.
Cher Pliſthène, mes vœux ſont enfin accomplis.

P L I S T H È N E.

Ciel ! Qu’eſt-ce que j’entends ? Moi, ſeigneur, votre fils !
Tout ſemblait réſerver, dans un jour ſi funeſte,
Ma main au parricide, & mon cœur à l’inceſte.
Grands dieux, qui m’épargnez tant d’horreurs en ce jour,
Dois-je bénir vos ſoins, ou plaindre mon amour ?

À Atrée.

Vous qui, trompé longtemps dans une injuſte haine,
Du nom de votre fils honorâtes Pliſthène ;
Quand je ne le ſuis plus, ſeigneur, il m’eſt bien doux