Diſſipez vos frayeurs, & calmez vos alarmes ;
Vos yeux, pour m’attendrir, n’ont pas beſoin de larmes.
Hélas ! Qui plus que moi doit plaindre vos malheurs ?
Ne craignez rien ; mes ſoins ont prévenu vos pleurs.
De ces funeſtes lieux votre fuite aſſurée
Va vous mettre à couvert des cruautés d’Atrée ;
Et je vais, s’il le faut, aux dépens de ma foi,
Prouver à vos beaux yeux ce qu’ils peuvent ſur moi.
Oui, croyez-en ces dieux que mon amour atteſte,
Croyez-en ces garants du ſalut de Thyeſte :
Il m’eſt plus cher qu’à vous : ſans me donner la mort,
Le roi ne ſera point l’arbitre de ſon ſort.
Votre père vivra ; vous vivrez ; & Pliſthène
N’aura point eu pour vous une tendreſſe vaine.
Je ſauverai Thyeſte. Eh ! Que n’ai-je point fait ?
Hélas ! Si vous ſaviez d’un barbare projet
À quel prix j’ai déjà tenté de le défendre…
Venez ; pour lui, pour vous, je vais tout entreprendre :
Heureux ſi je pouvais, en vous ſauvant tous deux,
Près de ne vous voir plus, expirer à vos yeux !
Mais Thyeſte paraît : quel bonheur eſt le nôtre !
Quel favorable ſort nous rejoint l’un & l’autre !