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Les rigoureuſes lois qu’impoſe la nature
Ne ſont plus que des droits dont la vertu murmure.
Secrets perſécuteurs des cœurs nés vertueux,
Remords, qu’exigez-vous d’un amant malheureux ?

T H E S S A N D R E.

Que dites-vous, ſeigneur ? Quelle douleur vous preſſe ?

P L I S T H È N E.

Theſſandre, il faut périr, ou ſauver ma princeſſe.

T H E S S A N D R E.

La ſauver ! Et de qui ?

P L I S T H È N E.

La ſauver ! Et de qui ?Du roi, dont la fureur
Va lui plonger peut-être un poignard dans le cœur.
C’eſt pour la dérober au coup qui la menace,
Que je n’écoute plus qu’une coupable audace.
Non, cruel, ce n’eſt point pour la voir expirer,
Que du plus tendre amour je me ſens inſpirer.
Croirais-tu que du roi la haine ſanguinaire
A voulu me forcer d’aſſassiner ſon frère ;
Que, pour mieux m’obliger à lui percer le flanc,
De ſa fille, au refus, il doit verſer le ſang ?
Ah ! Je me ſens ſaisir d’une fureur nouvelle :
Courons, pour la ſauver, où mon honneur m’appelle.
Mais où la rencontrer ? Eh quoi ! Les juſtes dieux