’avois réſolu de donner une diſſertation ſur la
Tragédie ; mais depuis quelque temps il a paru
un ſi grand nombre de diſcours ſur cette matière
déjà tant rebattue, & preſque toûjours ſans fruit, que
j’ai craint de tomber dans des redites. Jamais les
Auteurs ne furent mieux inſtruits des règles & des
fineſſes de l’art, on en peut juger par leurs préfaces ;
il ſeroit ſeulement à ſouhaiter que les ouvrages qui
les occaſionnent ſe reſſentiſſent un peu plus de ces
préliminaires ſi brillans : d’ailleurs que dirois-je à
mes contemporains, qu’ils ne ſuſſent auſſi-bien que
moi ? Ceux qui ſont doués d’un génie heureux
puiſent des leçons dans leurs propres talens ; ceux
qui en ſont dénués n’ont beſoin que d’un ſeul
precepte, c’eſt de ne point écrire. On ſera peut-être
ſurpris que dans le cours d’une aſſez longue vie je
ne me ſois point occupé à retoucher mes ouvrages,