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T H Y E S T E.

Seigneur, que dites-vous ? Qui fait couler vos larmes ?
Que tout ce que je vois fait renaître d’alarmes !
Vous ſoupirez ; la mort eſt peinte dans vos yeux ;
Vos regards attendris ſe tournent vers les cieux :
Quel malheur ſi terrible a pu troubler Pliſthène ?
Juſqu’au fond de mon cœur je reſſens votre peine.
Voulez-vous dérober ce ſecret à ma foi ?
Quand je ſuis tout à vous, n’êtes-vous point à moi ?
Cher prince, ignorez-vous à quel point je vous aime ?
Ma fille ne m’eſt pas plus chère que vous-même.

P L I S T H È N E.

Faut-il la voir périr dans ces funeſtes lieux ?

T H Y E S T E.

Quel étrange diſcours ! Cher prince, au nom des dieux,
Au nom d’une amitié ſi ſincère & ſi tendre,
Daignez m’en éclaircir.

P L I S T H È N E.

Daignez m’en éclaircir.Ah ! Dois-je vous l’apprendre ?
Mais, dût tomber ſur moi le plus affreux courroux,
Je ne puis plus trahir ce que je ſens pour vous.
Fuyez, ſeigneur, fuyez.