Vous connaiſſez le feu qui dévore mon ſein ;
Et pour verſer ſon ſang vous choiſissez ma main !
Ce n’eſt pas la vertu, c’eſt donc l’amour, parjure,
Qui te force au refus de venger mon injure !
Voyons ſi cet amour, qui t’a fait me trahir,
Servira maintenant à me faire obéir.
Tu n’auras pas en vain aimé Théodamie :
Venge-moi dès ce jour, ou c’eſt fait de ſa vie.
Ah ! Grands dieux !
Et te le laiſſe, ingrat, pour la dernière fois.
Ah ! Mon choix eſt tout fait dans ce moment funeſte ;
C’eſt mon ſang qu’il vous faut, non le ſang de Thyeſte.
Quand l’amour de mon fils ſemble avoir fait le ſien,
Il ne m’importe plus de ſon ſang ou du tien.
Obéis cependant, achève ma vengeance ;
L’inſtant fatal approche, & Thyeſte s’avance :
S’il n’eſt mort lorſque enfin je reverrai ces lieux,
J’immole ſans pitié ton amante à tes yeux.