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Tout ſemble offrir ici l’image de la paix ;
Cependant ma fureur s’accroît plus que jamais.
L’amour, qui ſi ſouvent loin de nous nous entraîne,
N’eſt point dans ſes retours auſſi prompt que la haine.
J’avais cru par vos ſoins mon courroux étouffé ;
Mais je ſens qu’ils n’en ont qu’à demi triomphé :
Ma fureur déſormais ne peut plus ſe contraindre,
Ce n’eſt que dans le ſang qu’elle pourra s’éteindre ;
Et j’attends que le bras chargé de la ſervir,
Loin d’arrêter ſon cours, ſoit prêt à l’aſſouvir.
Pliſthène, c’eſt à vous que ce diſcours s’adreſſe.
J’avais cru, ſur la foi d’une ſainte promeſſe,
Voir tomber le plus fier de tous mes ennemis ;
Mais Pliſthène tient mal ce qu’il m’avait promis ;
Et, bravant ſans reſpect & les dieux & ſon père,
Son cœur pour eux & lui n’a qu’une foi légère.

P L I S T H È N E.

Où ſont vos ennemis ? J’avais cru que la paix
Ne vous en laiſſait point à craindre en ce palais ;
Je n’y vois que des cœurs pour vous remplis de zèle,
Et qu’un fils pour ſon roi reſpectueux, fidèle,
Qui n’a point mérité ces cruels traitements.
Où ſont vos ennemis ? Et quels ſont mes ſerments ?