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T H Y E S T E.

Ne me reproche plus mon crime ni mes feux ;
Tu m’as vendu bien cher cet amour malheureux.
Pour t’attendrir enfin, auteur de ma miſère,
Conſidère un moment ton déplorable frère :
Que peux-tu ſouhaiter qui te parle pour moi ?
Regarde en quel état je parois devant toi.

P L I S T H È N E.

Ah ! Rendez-vous, ſeigneur : je vois que la nature
Dans votre cœur ſensible excite un doux murmure,
Ne le combattez point par des ſoins odieux ;
Elle n’inſpire rien qui ne vienne des dieux.
C’eſt votre frère enfin ; que rien ne vous arrête :
De ſa fidélité je réponds ſur ma tête.

A T R É E.

Pliſthène, c’en eſt fait ; je me rends à ta voix ;
Je me ſens attendri pour la première fois ;
Je veux bien oublier une ſanglante injure.
Thyeſte, ſur ma foi que ton cœur ſe raſſure :
De mon inimitié ne crains point les retours ;
Ce jour même en verra finir le triſte cours ;
J’en jure par les dieux, j’en jure par Pliſthène ;
C’eſt le ſceau d’une paix qui doit finir ma haine.
Ses ſoins & ma pitié te répondront de moi,
Et mon fils à ſon tour me répondra de toi ;