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C’eſt le vôtre, ſeigneur, non un ſang étranger :
C’eſt en lui pardonnant qu’il faut vous en venger.

A T R É E.

Le perfide ! Si près d’éprouver ma vengeance,
Daigne-t-il ſeulement implorer ma clémence ?

T H Y E S T E.

Que pourrait me ſervir d’implorer ton ſecours,
Si ton cœur qui me hait veut me haïr toujours ?
Eh ! Que n’ai-je point fait pour fléchir ta colère ?
Qui de nous deux, cruel, pourſuit ici ſon frère ?
Depuis vingt ans entiers que n’ai-je point tenté
Pour calmer les tranſports de ton cœur irrité ?
Surmonte, comme moi, la vengeance & la haine ;
Règle tes ſoins jaloux ſur les ſoins de Pliſthène,
Et tu verras bientôt, ſi j’en donne ma foi,
Que tu n’as point d’ami plus fidèle que moi.

A T R É E.

Quels ſeront tes garants ? Lorſque le nom de frère
N’a pu garder ton cœur d’un amour téméraire,
Quand je t’ai vu ſouiller par tes coupables feux
Les autels où l’hymen allait combler mes vœux,
Que peux-tu m’oppoſer qui parle en ta défenſe ?
Les droits de la nature, ou bien de l’innocence ?