Étranger dans ces lieux ! Que tu le connais mal !
De tous mes ennemis tu vois le plus fatal ;
C’eſt de tous les humains le ſeul que je déteſte,
Un perfide, un ingrat, en un mot, c’eſt Thyeſte.
Qu’ai-je entendu, grands dieux ! Lui Thyeſte, Seigneur ?
Eh bien ! En doit-il moins fléchir votre rigueur ?
Calmez, ſeigneur, calmez cette fureur extrême.
Que vois-je ? Quoi ! Mon fils armé contre moi-même !
Quoi ! Celui qui devrait m’en venger aujourd’hui
Oſe à mes yeux encor s’intéreſſer pour lui !
Lâche, c’eſt donc ainſi qu’à ton devoir fidèle
Tu diſposes ton bras à ſervir ma querelle ?
Plutôt mourir cent fois : je n’ai point à choiſir ;
Dans mon ſang, s’il le faut, baignez-vous à loiſir.
Seigneur, par ces genoux que votre fils embraſſe,
Accordez à mes vœux cette dernière grâce :
Après l’avoir ſauvé des ondes en courroux,
M’en coûtera-t-il plus de le ſauver de vous ?
À mes juſtes déſirs que vos tranſports ſe rendent.
Voyez quel eſt le ſang que mes pleurs vous demandent ;