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Ce prince, à qui je dois le ſalut de mon père,
Qui, la foudre à la main, va combler ſa miſère.
Athènes va tomber, ſi, pour comble de maux,
Thyeſte dans ces murs n’accable ce héros.
Trop heureux cependant, ſi de l’île d’Eubée
Il pouvait s’éloigner ſans le ſecours d’Atrée !
Sauvez l’en, s’il ſe peut, grands dieux ! Votre courroux
Pourſuit-il des mortels ſi ſemblables à vous ?
Ciel, puiſqu’il faut punir, venge-toi ſur ſon frère :
Atrée eſt un objet digne de ta colère.
Je tremble à chaque pas que je fais en ces lieux :
Hélas ! Thyeſte en vain s’y cache à tous les yeux ;
Quoique abſent dès longtemps, on peut le reconnaître :
Heureux que ſa langueur l’empêche d’y paraître !

L É O N I D E.

Eſpérez du deſtin un traitement plus doux ;
Que craindre d’un tyran, quand ſon fils eſt pour vous ?
Attendez tout d’un cœur & généreux & tendre :
La main qui nous ſauva peut encor vous défendre.
Tout n’eſt pas contre vous dans ce fatal ſéjour,
Puiſque déjà vos yeux y donnent de l’amour.

T H É O D A M I E.

Ne comptes-tu pour rien un amour ſi funeſte ?
Le fils d’Atrée aimer la fille de Thyeſte !
Hélas ! Si cet amour eſt un crime pour lui,