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Quel repentir ſuccède à votre empreſſement ?
Quelle était donc l’ardeur que vous faiſiez paraître ?
Tremblez-vous, lorſqu’il faut me délivrer d’un traître ?

P L I S T H È N E.

Non ; mais daignez m’armer pour un emploi plus beau :
Je ſerai ſon vainqueur, & non pas ſon bourreau.
Songez-vous bien quel nœud vous unit l’un & l’autre ?
En répandant ſon ſang, je répandrais le vôtre.
Ah ! Seigneur, eſt-ce ainſi que l’on ſurprend ma foi ?

A T R É E.

Les dieux m’en ſont garants ; c’en eſt aſſez pour moi.

P L I S T H È N E.

Juſte ciel !

A T R É E.

Juſte ciel !J’entrevois dans votre âme interdite
De ſecrets ſentiments dont la mienne s’irrite.
Étouffez des regrets déſormais ſuperflus :
Partez, obéiſſez, & ne répliquez plus.
Des bords athéniens j’attends quelque nouvelle.
Vous, cependant, volez où l’honneur vous appelle.
Que ma flotte avec vous ſe diſpose à partir ;
Et, quand tout ſera prêt, venez m’en avertir :
Je veux de ce départ être témoin moi-même.